vendredi 4 avril 2014

Les Grandes Espérances, ou Pour enfin en finir avec l'Amour (en cours)

La Grande Idéaliste aux tirades d'un débit inaltérable et d'un flot ininterrompu que je suis se et vous devait de se poser un moment et d'exprimer, enfin, tout ce qu'il faut savoir pour en finir avec l'amour.

Alors même que ce sujet (mais peut-on encore parler de "sujet"?) a donné naissance aux plus belles oeuvres musicales, représentatives, cinématographiques, littéraires, philosophiques et j'en passe, à toute les époques, même quand le mariage était le fruit d'une union sociale où l'amour n'avait pas sa place, la question de l'engagement amoureux et charnel voué exclusivement à un seul être demeure.

A l'heure où les mariages et les relations se font et se défont en moins de temps qu'il ne faut pour écrire ce billet, le sens commun nous invite à considérer deux options :

Le mariage-sacrifice, où l'on s'engage dans une relation sécurisée au prix de sa liberté et de son épanouissement personnel. Dans ce contexte, tromper est vu comme un sacrilège puni au mieux par la rupture et au pire par la mort sociale (rupture avec les amis communs, réputation entachée...)  même si la plupart le font en douce pour parfois s'échapper un peu...

Ou

Les aventures débridées dominées par un sentiment de cynisme et de résignation face à cette triste réalité, la fameuse real politic à laquelle il faut s'adapter... Ici, on a "compris" (comprenez "intégré) que les histoires d'amour exclusives et idéalistes sont vouées à l'échec et on enchaîne les aventures mêlées d'éther et d'éthanol ou bien, et j'ai entendu ça avec un sourire jaune, on décide qu'on donne le droit de tromper dans le couple, mais alors, heu, hein, que un soir de temps en temps hein, pas question de relation sur la durée... sinon on se fâche tout rouge.

Bon. Cette désespérance ne suffit bien évidemment pas à notre esprit assoifé de conquête et, à l'aube de nos 30 ans, on veut aussi croire à l'aube de temps différents et nouveaux, là où nos amis ont choisi entre une alternative ou l'autre. Nous voulons créer notre propre Destin, hors de ces conditionnements.

Qu'est ce qu'un amour véritable sinon deux individus libres, autonomes et indépendants qui se choisissent et se chérissent dans cette même liberté ? Nous disons que tout choix hors du domaine de ce qu'on ressent être la liberté est une petite mort de soi.

Forts de ce postulat, nous pouvons donner de nouvelles courbes (sensuelles ?) aux notions de Bien et de Mal. Il n'y a pas à juger les personnes par rapport à des situations, mais par rapport à elles-mêmes.

Dans Jules et Jim, Truffaut arrive à nous conter une situation a priori "laide" en la rendant majestueusement belle. Il nous fait rêver et aimer chacun des personnages car chacun est porté par des sentiments mêlés de désir et de passion dans le rêve commun d'un amour libéré des chaînes de toute contrainte morale.
Dans Match Point, par contre, on se prend à haïr le personnage principal qui a fait "un choix de raison" en sacrifiant la femme objet de sa passion sur l'autel du standing... pas de rêve au sens large dans cette histoire, juste l'envie d'être riche et confortablement établi dans ce qu'on pourrait au mieux nommer l'instinct de survie...